Arros, l’araignée et Zigotte la rainette/grenouille, s ‘étaient rencontrés au bord de la grande marre. Une marre, en forme de lune. Le jour, dès le printemps avancé, on peut voir de belles et grandes tiges surmontées de magnifiques fleurs d'Iris, de Lys, aux couleurs jaunes, bleues, violettes.. Ce havre de paix est le lieu de rendez vous pour les animaux de la forêt , les insectes, les batraciens… Une cantine naturelle, où chacun partage le repas. Un quartier d’habitations, où de petits recoins et pliures de feuilles deviennent le foyer d’une famille.
Ce jour là, Zigotte sautait de nénuphars en nénuphars, essayant d’attraper avec sa langue élastique, les insectes volatils. Elle aimait ce jeux, et se délectait des goûts en tout genre de ces biscuits volants.
Arros, pendant ce temps, arrangeait sa toile. Il allait participer au concours de la « plus belle toile d’araignée » qui approchait à grand pas. Depuis des mois il avait étudié et réalisé des toiles de toutes formes.
Arros et Zigotte, ne se connaissent pas encore. Une particularité leur est pourtant commune. Chacun d’eux, est né avec sur leur corps, une couche couvrant leur peau, qui ne peut être touchée car dangereusement vénéneuse. Aussi durant tout leur jeunesse, ils n’ont pu jouir de la tendresse de leurs parents, de leurs amis , leurs frères et sœurs… Si par malheur quelqu’un s’approchait trop près et était en contact avec la peau d’Arros ou de Zigotte, le malheureux pourraient mourir dans d’atroces souffrances.
Alors on peut comprendre que ces deux personnages souffraient de solitude.
Arros était une petite araignée, cinq fois plus petit que Zigotte.
Alors qu’Arros finissait de tisser le dernier fil de sa toile, un bruit fracassant d’abattit sur lui. Propulsé sur une grosse feuille d’Iris, il constata très vite les dégâts et tomba nez à nez devant Zigotte.
Les deux gros yeux de Zigotte se perdaient dans les huit yeux d ‘Arros.
- Je suis vraiment désolée je chassais une grosse mouche bien dodue et j’ai loupé mon atterrissage ! S’exlama Zigotte, devenue rose de gêne.
- Je venais juste de commencer de toutes manières… une mouche bien dodue ! Ca me paraît appétissant !
Les deux camarades continuèrent d’échanger pendant de longues heures… Pendant de long mois et années. Ils aimaient chasser ensemble les grosses mouches bien dodues… Ils partageaient leurs savoir-faire, Arros et ses toiles pièges invisibles, Zigotte et ses acrobaties furtives.
Une chose pourtant creusait leur tristesse profonde, celle de ne pouvoir se toucher. Une embrassade était trop risquée et ni l’un ni l’autre ne voulaient s’y tenter.
Un jour alors que Zigotte et Arros se balancaient sur une feuille d’Iris, Dame Lys, ne put s’empêcher de leur livrer un secret. Elle avait compris leur tristesse et sentait qu’elle pouvait les aider. Elle connaissait l’un des nombreux pouvoirs de la belle herbe qu’est le plantain, celui d’être un contre-poison.
- « Mes chères Arros et Zigotte, je connais un ami qui sera vous aider. Il est à l’écart de la marre, je peux vous expliquer le chemin jusqu’à lui, c’est monsieur Plantagus. » murmura la belle fleur jaune au-dessus d’eux.
Sans hésiter, ils écoutèrent attentivement les indications de Dame Iris. Si bien qu’ils trouvèrent Monsieur Plantagus.
- Grand monsieur, commença Arros, une malédiction nous afflige depuis notre naissance. Nous ne pouvons toucher personne et personne ne peut nous toucher !
- Ne soyez plus tristes, mes petits, consola monsieur Plantagus en ouvrant grand ses feuilles pour accueillir les deux êtres. Venez…
Au contact des feuilles du grand plantain, Arros et Zigotte sentirent que cette couche vénéneuse s’effritait jusqu’à disparaître comme du sable qui retombe sur terre.
Monsieur Plantagus venait de conjurer ce sort et avait fait partir le venin de ces deux amis.
Depuis ce moment , les deux compères jouissent de la vie, rendant visite chaque année a Plantagus pour de gros câlins !
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